vendredi 29 mars 2013

Plongée en eaux troubles

Elle m'appelle dans la matinée. "Je viens d'être diagnostiquée bipolaire par la psychiatre, je suis un peu perdue, est-ce que je pourrais avoir un rendez-vous?" J'entends le trémolo dans sa voix, je sens la panique qui l'envahit. Je lui donne le choix entre me voir moi le jour-même, ou voir le médecin remplacé le lendemain. Ce sera aujourd'hui.

Je la reçois donc dans l'après-midi. Je ne l'avais pas remise au téléphone mais je l'ai déjà vue il y a quelques semaines pour un renouvellement d'anti-dépresseur. Depuis elle a vu cette psychiatre quatre fois, et le diagnostic est tombé. Bipolaire.
"Je ne sais plus où j'en suis".
"Je suis qui moi? Je passe en permanence de l'euphorie à la dépression, parfois dans la même journée. Je suis épuisée. Je ne sais plus qui je suis. Je fais vivre un enfer à ma famille, à mon conjoint."
"Je supporte pas les autres, pour rien je prends la mouche, je prends tout mal. Je supporte pas d'avoir un patron."
"J'ai l'impression de me débattre, et de m'enfoncer un peu plus à chaque fois."

Me voilà bien désarmée face à ce flot de désespoir qui s'abat en face de moi. J'essaye de positiver, de lui faire entrevoir un avenir meilleur. Maintenant que le diagnostic est posé, vous allez pouvoir vous soigner. Il y a des traitements efficaces pour cette maladie. Ce qu'elle voit, elle, c'est que ce diagnostic, ça veut dire qu'elle ne guérira jamais. La maladie, les traitements, à vie. Oui, contre ça je ne peux rien. Mais on peut vivre AVEC, même si ce n'est pas facile tous les jours.

"La question que je me pose, c'est pourquoi?"
A ça je n'ai pas de réponse. Certains tirent la carte Mucoviscidose, d'autres la carte Myopathie de Duchenne, vous c'est Trouble Bipolaire. C'est la faute à pas de chance. Non, ce n'est pas juste. La vie n'est pas juste. Mais surtout, ce n'est pas de VOTRE faute.

"La psy dit que ça me vient de mon père. D'après ce que je lui ai raconté de lui, elle pense qu'il était atteint. Il a sombré dans l'alcool."
"J'ai l'impression maintenant que je sais ça, d'être encore plus différente des autres. Je me sens exclue de la société. Les gens peuvent pas comprendre comment je fonctionne. Déjà moi-même je me comprends pas. Ça veut dire que je serai jamais normale. D'abord c'est quoi, être normal?"
Ah, la normalité... C'est très surfait.

"Des fois je me dis que ce serai tellement plus simple si je ne me réveillais pas... Sur internet j'ai vu que 20% des bipolaires finissent par se suicider. Combien de fois j'y ai pensé déjà."
Oui, c'est vrai. C'est une maladie épuisante, infernale, surtout quand on n'est pas diagnostiqué, ce qui est malheureusement encore assez courant. Encore une fois j'essaye de lui faire entrevoir une lueur d'espoir. Maintenant que vous êtes suivie, que vous avez un bon contact avec cette psy, vous allez trouver le traitement qui vous convient, les choses deviendront gérables. L'avenir ne peut qu'être meilleur que le passé.
"Mais je vais devoir voir un psy toute ma vie?"
Pas forcément. Pour l'instant c'est nécessaire, il faut qu'on trouve le traitement adapté, qu'on vous aide à reprendre pied. Une fois que les choses seront sous contrôle, les visites chez le psy pourront s'espacer. Le médecin traitant pourra s'occuper de renouveler votre traitement, de vous surveiller. Mais le psy sera toujours pas très loin, au cas où les choses dérapent, en cas de décompensation...
"Mais alors si je décompense, alors que je suis déjà sous traitement optimal, qu'est-ce qu'on fait?"
L'angoisse de devoir repartir à zéro se lit sur son visage. Le traitement optimal à un moment donné ne l'est pas forcément pour la vie entière. Ce sont des choses qui s'adaptent au fur et à mesure.

"Heureusement j'ai un compagnon formidable. Sans lui je ne serais plus là. Et d'ailleurs, si on veut avoir un enfant un jour, comment ça se passe? C'est possible?"
C'est possible, mais ça se prévoit. Certains traitements peuvent être compatibles avec une grossesse, d'autres pas. Il faut en parler en amont avec votre psychiatre. Il serait plus raisonnable d'envisager ça lorsque votre état sera stabilisé. Oui, vous aurez besoin d'être suivie de plus près que n'importe quelle autre femme. Mais ça se prépare.
"Mais quand je vois la violence de mes réactions parfois, est-ce que je ne serai pas une de ces mères qui secouent leur enfant?"
Secouer son enfant, ça peut arriver à TOUT LE MONDE. La grande majorité des mères qui secouent leur enfant ne sont pas bipolaires, n'ont pas de problème psychique. Elles sont seulement épuisées. Le fait que vous vous posiez cette question montre déjà que vous êtes attentive à ça, que vous connaissez le risque. Il faudra faire attention à ce que vous soyiez entourée, suivie, soutenue, pour que les choses ne dérapent pas. Être mère, tout comme la vie en général, ça sera un peu plus compliqué pour vous que pour une femme lambda. Mais avec de la préparation et de l'aide, c'est jouable.

"D'ailleurs, en ce moment je vis avec les 2 enfants de mon conjoint. Ils sentent bien que ça va pas, mais je peux pas leur dire que je suis bipolaire, leur mère s'en servirait pour retirer leur garde à leur père. Je sais pas quoi leur dire."
Ce n'est pas la peine de leur dire le diagnostic précis. De toutes façons ils sont trop jeunes pour l'appréhender. Par contre il ne faut pas faire comme si de rien n'était. Les enfants sentent quand on leur cache quelque chose. Ils ont tendance alors à imaginer des choses bien pires que la réalité, et en plus à imaginer que tout est de leur faute. Dites-leur simplement qu'en ce moment vous n'allez pas très bien, que vous êtes malade, mais que vous vous soignez et que vous faites ce qu'il faut pour aller mieux. Et surtout qu'ils n'y sont absolument pour rien.

Je lui ai aussi conseillé de ne pas rester seule avec ce diagnostic. De contacter des associations de patients. D'aller sur internet (oui d'habitude on dit souvent aux gens de ne surtout pas aller sur internet... Mais là je pense que ça peut vraiment avoir un intérêt.)
"J'ai été sur des forums un peu, mais c'est horrible, ça m'a déprimée encore plus..."
Alors, oui, faites attention, sur internet il y a le meilleur comme le pire. Ce qui peut vous aider, ce ne sont pas forcément les forums. Par contre les sites d'associations de malades, oui. Il existe sûrement des blogs de personnes vivant avec cette maladie. Ça pourrait vous permettre de voir les choses sous un jour différent. De voir que certaines personnes arrivent à vivre avec cette maladie. Que tout n'est pas perdu. Et surtout que vous n'êtes pas seule.


Cette consultation a duré près d'une heure. Une vie entière chamboulée par un diagnostic définitif. Toutes les perspectives d'avenir à revoir. J'ai eu l'impression de plonger en eaux troubles pour essayer de rattraper quelqu'un qui sombrait. J'espère avoir réussi à la ramener un peu plus près de la surface. J'en suis sortie lessivée. Mais j'ai l'impression qu'elle est partie un peu moins désespérée.
J'espère que dans quelques temps (mois? années?), elle arrivera à trouver son équilibre.

PS: Si quelqu'un a des références d'associations, de sites ou de blogs intéressants, je suis preneuse. Je lui communiquerai si jamais je la revois. Merci d'avance. 

© Dr Kalee

jeudi 21 mars 2013

Donner le choix aux femmes? Mais vous n'y pensez pas voyons!

Il y a quelque chose de pourri au royaume de la Gynéco-Obstétrique. Ça fait longtemps que j'ai envie d'aborder ce sujet, et que je repousse, car je ne sais pas par quel bout le prendre, et j'ai peur aussi de mal me faire comprendre.
Alors pardonnez-moi d'avance si ce billet est un peu fouillis, c'est écrit avec le coeur plus qu'avec la raison.
Le sujet m'est venu à la suite de mes propres expériences de femme, les naissances de mes 2 marmots. Il a mûri au fil de mes discussions twitterales plutôt animées avec mes twittamies sage-femmes, médecins, et mamans: notamment 10 lunes, sophiesagefemme, souristine, la poule pondeuse, Marlène Schiappa, Knackie (ma troll préférée). Nous avons toutes été plus ou moins choquées par le procès en sorcellerie intenté aux sage-femmes, enfin du moins à celles qui défendent une certaine vision de leur métier, indépendant des obstétriciens, pour le suivi des femmes EN BONNE SANTÉ et des grossesses et accouchements A BAS RISQUE. Procès intenté par un certain nombre de gynécologues, médicaux et obstétriciens, et surtout une que je ne nommerais pas, si vous voulez faire sa connaissance, 10lunes en parle beaucoup mieux que moi.

Je suis médecin, et tout comme dans ma pratique j'essaie de ne pas médicaliser ce qui n'a pas besoin de l'être, de ne pas prescrire des médicaments là où il n'y en a pas besoin, j'aimerais que l'on fasse de même en ce qui concerne la grossesse et l'accouchement.

D'après ces honorables gynécologues, la looongue espérance de vie des femmes françaises est liée à leur admirable travail de suivi des femmes.  Mouais. Si prescrire des pilules de 3e génération et faire des frottis tous les ans à partir de 18 ans améliore la vie des femmes, peut-être.
Oui, je sais, je suis caricaturale. Mais pas tant. Et puis, à vrai dire, l'autre côté l'est aussi, beaucoup.
Personnellement en tant que patiente, c'est l'expérience que j'ai de la gynécologie médicale. Une gynéco qui, à 20 ans, m'a prescrit une pilule 3e gé, sans me poser la moindre question sur mes antécédents personnels ou familiaux, et qui voulait toujours me faire le frottis tous les ans, dès 20 ans (parce que je ne l'ai pas consultée plus tôt...). Tous les ans je négociais, non mais on peut peut-être attendre l'an prochain quand même...
Et en tant que médecin généraliste qui reçoit des femmes suivies par des gynécologues médicaux, le tableau n'est pas fondamentalement différent.

Bon, pour ce qui concerne l'amélioration de l'état de santé des femmes grâce au consciencieux suivi des gynécologues médicaux, je ne suis pas convaincue. Attention, je ne suis pas en train de dire que le suivi gynécologique ne sert à rien... Je suis la première à vérifier que les femmes ont fait un frottis il y a moins de 15 ans... Mais faire un TV et un frottis à une jeune fille de 18 ans qui vient demander la pilule, puis lui prescrire une pilule 3e G, sans interrogatoire, et sans information sur les autres moyens de contraception existants, j'adhère moyen.

C'est peut-être alors sur le suivi de grossesse, et l'accouchement que se joue la survie des femmes françaises? Ah oui mais mince, il se trouve que nos indicateurs de mortalité maternelle périnatale sont loin d'être les meilleurs d'Europe... Alors quoi? Je ne sais pas.

Par contre, le besoin d'une certaine frange du corps médical de prendre le pouvoir sur la vie, le corps et les choix des femmes, ça je vois bien.

Actuellement à l'Assemblée Nationale, est présentée une proposition de loi visant à "expérimenter" les maisons de naissance. Pas "autoriser", non, grands dieux, "expérimenter" seulement. Ne poussons pas le bouchon.
Cette proposition de loi, ce projet d'ouvrir des maisons de naissance, défrise un certain nombre de gynécos, notamment celle dont je ne citerai pas le nom. (C'est comme Voldemort, Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom...) Mais pourquoi tant de haine? Après tout ça existe déjà dans de nombreux pays, européens ou non. La Suisse, la Belgique, les Pays-Bas pour ne citer qu'eux. Qui ne sont pas spécialement connus pour leur fort taux de mortalité périnatale...

Alors où est le problème?
Les adversaires des MDN (pour maisons de naissance, ça fait plus court hein...) aiment beaucoup caricaturer les raisons pour lesquelles les femmes souhaitent un retour à un accouchement plus physiologique, moins médicalisé. Ce sont des bobos, la mode est au bio/naturel/équitable, le 21e siècle est spirituel et c'est le grand retour de l'"enfantement dans la douleur"....
Quand j'entends ça, j'ai juste envie de dire.... Pour des gynécos, SPECIALISTES DES FEMMES, vous n'avez juste rien compris.

Prenons mon cas personnel (je ne suis représentative que de moi-même, bien entendu, mais au moins je parle de ce que je connais).
J'ai accouché 2 fois, en maternité, niveau 1 puis niveau 2. Deux grossesses physiologiques. Une première grossesse suivie par la même gynéco médicale évoquée ci-dessus, avec 1 TV par mois (mes amies SF vous le diront, en dehors de signes d'appel ça ne sert à rien), une écho surprise au 4e mois, au cours de laquelle j'ai à l'insu de mon plein gré appris le sexe du bébé en l'absence de son père... Par contre, pas une fois elle ne s'est préoccupée de savoir comment j'allais, comment ça se passait au boulot... Et je ne vous raconte même pas pour quoi je suis passée quand j'ai refusé le dépistage de la trisomie 21.
Fin de suivi dans cette mater de niveau 1, où les SF n'étaient même pas autorisées à faire les consults de suivi... Leur rôle était de réceptionner les biologies, faire la BU, et prendre la TA. Ouah, que c'est valorisant...
Accouchement totalement foireux, avec travail seule (mon mari n'a pu me rejoindre que plus tard), aucun soutien hormis la visite horaire pour le TV. Pose de péri salvatrice, oui, vu comme je me sentais seule avec ma douleur. MAIS, péri trop forte, poussée inefficace, maman épuisée, forceps, épisio. Grosse, hein, l'épisio, sinon c'est pas drôle.
Par la suite, accompagnement à l'allaitement tout aussi foireux (je montre à la SF mes seins qui saignent: "ouh là, ces crevasses..." Me tend un sachet de Lansinoh. Point.) Je vous dis, si j'ai allaité mon fils 6 mois au total, c'est que je suis têtue. Mais VRAIMENT têtue.
J'ai appris récemment en formation qu'une femme peut faire un syndrome de stress post-traumatique suite à un accouchement considéré comme normal par l'équipe médicale, simplement parce que son vécu des évènements est trop éloigné de ce qu'elle imaginait au départ. Quand je repense à cette période, je pense que c'est ce que j'ai fait, a minima. Je garde un très mauvais souvenir de cet accouchement, en dehors bien sûr du fait d'avoir fait connaissance avec mon petit garçon.

Pour le 2e, un peu échaudée du suivi par un gynéco, j'ai cette fois décidé de me faire suivre par une SF libérale. Effectivement suivi beaucoup plus attentif, respectueux de mes attentes, et PAS de TV à chaque fois (juste un à la dernière consult avant la mater, "histoire que les collègues ne disent pas que je vous ai jamais examinée...")
Et puis accouchement de nouveau en maternité, une autre, et de nouveau, la solitude (de nouveau mari pas là... J'ai de la chance me direz-vous.) De nouveau, les seules visites étaient pour le TV horaire. Cette fois, les choses sont allées plus vite, pas le temps de poser la péri, le bébé est arrivé très rapidement. Pas besoin de forceps. J'ai découvert que oui, les contractions c'est douloureux, mais putain qu'est-ce que c'est plus efficace quand on SENT comment et quand on doit pousser... Et bien que cette fois-là je n'avais pas choisi d'accoucher sans péri, je suis très heureuse de l'avoir fait, de savoir que oui, j'en suis capable.

Alors les adversaires des MDN disent qu'on veut revenir en arrière, priver les femmes de la sacro-sainte péridurale, les obliger à souffrir.
Mais enfin quoi? A-t-on jamais dit à quiconque qu'on voulait que TOUTES les femmes accouchent en MDN? Est-ce que ouvrir une possibilité différente à celles qui le souhaitent veut dire priver les autres?
Les adversaires râlent qu'on veuille déposséder les mater de leurs SF, déjà trop peu nombreuses, pour garnir des MDN. Ben non, hein, on n'a jamais dit ça. Ce qui serait bien c'est qu'il y ait assez de SF dans les mater, ET des MDN pour celles qui le souhaitent. S'il n'y a pas assez de SF dans les mater, ce n'est pas la faute des MDN (vu qu'elles n'existent pas encore), c'est parce qu'on fait des économies sur le dos du personnel. Il y a des SF au chômage, et c'est un scandale!
Les adversaires disent, mais il n'y a qu'à ouvrir des espaces physiologiques dans les mater, ça ira très bien, c'est pareil. Certains disent même, il y a DÉJÀ des espaces physio dans toutes les mater, alors de quoi a-t-on besoin en plus? Heu, je sais pas, mais dans la mater où j'ai accouché, construite en 2009, pas l'ombre d'un espace physio.
Alors oui, les espaces physio, c'est bien, mais ça n'a rien à voir avec une MDN, et surtout ça n'a rien à voir avec l'ACCOMPAGNEMENT GLOBAL A LA NAISSANCE. Car c'est ça le nerf de la guerre.
Et en ce qui concerne les arguments de "spiritualité", certaines peut-être le voient comme ça, personnellement, la spiritualité, je m'en cogne. Je suis la plus athée de toutes les athées, et il n'y a pas la moindre spiritualité dans mon désir d'accoucher différemment. 

Quand on y réfléchit bien, la naissance d'un enfant, c'est quand même un des jours les plus importants de la vie d'un couple. C'est peut-être pas toujours le plus BEAU, mais au moins c'est un jour important. Est-il normal qu'à l'occasion de cet évènement unique dans la vie de votre famille, vous soyez pris en charge par des gens que vous n'avez jamais vu, et que vous ne reverrez jamais?

Personnellement je n'ai aucun souvenir de la tête et du nom des SF qui étaient là lors de mes accouchements. Forcément, un TV par heure, ça n'aide pas trop à tisser des liens.
Est-ce qu'il ne serait pas bien, voire souhaitable, que lorsque vous accouchez, vous soyez soutenues par un(e) professionnel(le) que vous connaissez bien car  il/elle vous suit depuis le début de votre grossesse (voire même avant, soyons fous, si vous avez fait le suivi gynéco avec lui/elle). Quelqu'un en qui vous avez confiance, qui VOUS connaît, et saura de quoi vous avez besoin pour avancer.
Et surtout, qui soit LA, près de vous, pas 2 min une fois par heure.
Moi, en tout cas, ça me plairait. Beaucoup plus qu'une péridurale qui m'endort complètement le bas du corps, qui me fatigue pendant plusieurs jours après, et qui me fait faire le plus beau malaise vagal de toute ma vie...

Mais apparemment certains gynéco ne peuvent pas intégrer que certaines femmes CHOISISSENT de ne pas utiliser une péridurale. C'est la panacée. Tout le monde devrait vouloir accoucher sur le dos les pattes en l'air, avec un monito scratché autour du bide, une perf dans le bras, et surtout sans rien sentir.

Mais la péridurale, elle est bien gentille, mais elle me tient pas la main pour m'encourager, elle me dit pas des mots gentils pour me coacher et m'aider à gérer mes contractions.
Le sentiment clé que je retiens de mes 2 accouchements, c'est la SOLITUDE.
Alors j'ai décidé, que quand il y aura un projet de 3e, je ferais ce qu'il faut pour que cela ne se reproduise pas. Évidemment je ne peux pas compter sur le fait que le papa sera là. Ce serait trop facile.
Donc pour moi, la prochaine fois, ce sera accompagnement global. Vers chez moi, ça veut dire, soit accouchement à domicile, soit en plateau technique avec SF libérale. J'ai pas encore décidé, on verra, aussi selon les possibilités.
Je ne vais pas attendre que les MDN existent, j'ai peur que d'ici là je sois ménopausée.

Je ne veux pas être mal comprise: je ne veux absolument pas dire ici que le personnel des maternités ne fait pas un bon travail. Il fait ce qu'il peut, de son mieux, avec ce qu'il a. Personnellement, le jour où j'y étais, je n'y ai pas trouvé mon compte. Peut-être un autre jour avec d'autres gens, les choses se seraient-elles passées différemment. Pleins de femmes sont ravies de leur accouchement en maternité.

Je ne veux pas opposer les différentes possibilités, je pense qu'elles sont COMPLÉMENTAIRES. Les êtres humains sont tous différents, et ont des souhaits différents pour leurs choix de vie. Pourquoi faudrait-il à toute force calquer le même modèle à toutes les femmes enceintes?
Ne peut-on pas imaginer (allez, soyons fous!) que les femmes, les couples, sont en général assez intelligents pour s'informer sur les différents choix existants, et pour prendre leur décision en connaissance de cause?

Dans mon monde idéal, celui des Bisounours, ça se passerait comme ça: pour leur suivi gynéco et leur contraception, les femmes consulteraient soit une sage-femme, soit un généraliste. Ceux-ci, en cas de difficulté ou de pathologie, les adresseraient à un gynécologue pour un avis ou une prise en charge. De même, pendant la grossesse, si tant est que la femme soit en bonne santé et que la grossesse ne présente pas de risque ou de pathologie particulière, elle pourrait se faire suivre soit par une sage-femme, soit par un généraliste (qui soit un peu au courant, hein, parce que ne nous voilons pas la face, tous les généralistes ne sont pas compétents en gynéco-obstétrique. J'ajouterais, un généraliste qui AIME ça). On prendrait le temps de les écouter, on ne leur sauterait pas dessus avec un doigtier. Ça coûterait beaucoup moins cher à la sécu, je suis sûre que les femmes en seraient satisfaites, et surtout, les gynécos, qui seraient débarrassés du suivi de tous les cas non pathologiques, seraient beaucoup plus disponibles pour recevoir et prendre en charge celles qui en ont VRAIMENT besoin. Les délais de rendez-vous seraient raisonnables.
Pour l'accouchement, les femmes qui ont besoin d'une surveillance médicale particulière seraient orientées en maternité de niveau 2 ou 3, selon les cas. Pour les autres, elles auraient le choix: maternité classique, espace physiologique, maison de naissance, accouchement à domicile.
Tout en ayant toujours un dossier de prêt à la maternité la plus proche, au cas où il y aurait besoin de la transférer.
Chacune pourrait choisir en toute liberté le type d'accompagnement qu'elle désire, selon son vécu, son ressenti, selon qu'elle veuille ou non une péri. Personne ne jugerait le choix qu'elle aurait fait, même si au final il ne peut se réaliser pour cause de problème médical (du genre "vous pensiez accoucher à domicile? Pauvre inconsciente!" Pas du vécu mais pas loin...)

Voilà ce que j'aimerais pour moi et pour les femmes de mon pays. J'ai l'impression que c'est trop demander. Pourquoi, je ne comprends pas.


Pour conclure, j'aimerai faire une petite mise en perspective. Ces questions que je pose aujourd'hui, on est bien d'accord, ce sont des questions de riches. Dans notre pays, depuis 50 ans, nous avons réussi à assurer (quasiment à toutes) la sécurité physique de la mère et de l'enfant lors de l'accouchement. Évidemment il y a encore des drames, on peut toujours faire mieux. Mais grosso modo, les françaises risquent peu de mourir en couches, comparées à leurs consoeurs d'autres continents. Et c'est bien. Maintenant que ça, c'est fait, il faut nous occuper de la sécurité émotionnelle de la mère et de l'enfant à la naissance. C'est le nouveau challenge du 21e siècle. L'accompagnement humain de la périnatalité. Et là, il y a du boulot. Mais ça vaut le coup. Je veux dire, ça vaut VRAIMENT le coup. (copyright Alors Voilà)


Quelques liens sur le sujet:
le blog de 10 lunes, mon idole en ce qui concerne la périnatalité.
Sage-femme mon amour par Souristine, ma twittamie, médecin comme moi, avec qui je suis totalement en phase à ce sujet.
le blog de Knackie (elle adore jouer la méchante, mais en vrai on la croit pas...)
Un très bon billet sur la péridurale, chez la Poule Pondeuse, qui tient par ailleurs un super blog. Il y a plein de très bonnes références dans cet article.

Des lieux d'accouchements alternatifs:
Une maternité respectueuse mais en difficulté, le Belvédère.
Le groupe Naissance (région parisienne)
Comme à la Maison  (à Paris aussi)


Et pour un très belle illustration de l'emprise du "corps" médical sur le "corps" des femmes, je ne saurais trop vous conseiller de lire le merveilleux livre de Martin Winckler: "Le Choeur des Femmes"





mardi 12 mars 2013

Etre (et avoir) un enfant "précoce", don du ciel ou fardeau?

Depuis la rentrée dernière, les choses étaient un peu corsées entre GrandMarmot et sa maîtresse de moyenne section. Pour dire les choses rapidement, GrandMarmot est un élément perturbateur du groupe; il ne tient pas en place, il n'attend pas son tour pour parler, il a toujours plein de choses à dire, très importantes, à la maîtresse, là, tout de suite. Dans une classe double niveau petits/moyens de 30 élèves gérée par un enseignante débutante, GrandMarmot met le Waï.
Il y a de long mois, vers la Toussaint, voyant que la situation était border-line, sur les conseils de ma mère elle même enseignante, j'avais suggéré à la maîtresse de prendre l'avis de la psychologue scolaire. Tout vient à point à qui sait attendre, GrandMarmot a donc été vu le 21 février (sans que nous, ses parents, en ayons été informés soit dit en passant...).
Et hier nous étions donc convoqués dans le bureau de la psy pour débriefer. Rendez-vous auquel je me suis rendue seule, Papa étant comme d'habitude occupé à sauver des vies.

Voilà. GrandMarmot est ce qu'on appelle un enfant "précoce". Ou "surdoué", ou "intellectuellement précoce" ou "haut potentiel". C'est fou le nombre de qualificatifs pour désigner ça. Son QI global est à 129. D'après la psy il a le niveau de langage d'un enfant de 7 ans 1/2. Il a 4 ans 1/2.

Après m'avoir détaillé les chiffres et dévoilé sa conclusion, elle marque un temps de silence, puis elle me dit: "C'est pas grave hein!" Voyant ma réaction un peu amusée, elle rajoute: "Non parce que vous voyez la boîte de mouchoirs là, elle sert surtout pour les parents de précoces!"

S'en est suivi un looong mais fort instructif exposé sur les enfants précoces, comment ils fonctionnent, pourquoi ils sont parfois malheureux, pourquoi ils sont épuisants pour leur entourage familial et scolaire, pourquoi ils sont statistiquement plus souvent en échec scolaire, pourquoi ils peuvent paraître feignants, coléreux, en recherche constante d'attention.
Elle m'a expliqué aussi pourquoi les garçons sont beaucoup plus souvent testés que les filles, parce qu'ils se font plus remarquer.

Cet entretien a été très éclairant sur le comportement de GrandMarmot, qui effectivement est un enfant immensément attachant, mais épuisant. Toujours levé aux aurores, plein d'énergie, d'une curiosité sans bornes, posant des milliards de questions sur tout, questions auxquelles je suis parfois bien en peine de répondre (Comment ça marche un moteur de voiture? Euh...), avec une mémoire équivalente à un troupeau d'éléphant. Mais aussi un enfant capricieux, colérique, très peu autonome (maman, c'est toi qui m'habilles/me mets mes chaussures/me fait manger...), et en permanence en train d'attirer l'attention.

Que quelqu'un vous explique le fonctionnement mental de ces enfants est très réconfortant, ça permet de se dire qu'on n'est pas soi-même en cause en tant que parent. Que c'est normal d'être épuisé par ces enfants-là. Que ce sont des enfants "difficiles". Ce n'est pas juste moi qui ait du mal.

Ma mère avait déjà depuis un moment de sérieux doutes, puisqu'étant elle-même mère de 2 garçons diagnostiqués précoces, elle était bien à même d'identifier les signes.
Dès que j'ai partagé l'info sur Twitter, j'ai récolté plein de témoignages de gens ayant des enfants précoces, dans leurs propres enfants ou dans leur famille, voire l'étant eux-mêmes. Ma tweet-list étant en grande partie peuplée de médecins, je constate que cet état est énormément répandu dans leur entourage familial.
Le vécu de la situation est très hétérogène semble-t-il. Et non lié au degré de précocité, en gros ce ne sont pas forcément ceux qui ont le plus gros QI qui sont les plus malheureux. Certains le vivent très bien, d'autres pas. Certains pensent qu'ils auraient préféré ne pas être diagnostiqués, afin de ne pas avoir à porter cette étiquette qui les isole encore plus de leurs (pas si) semblables.
La question qui revient à coup sûr, c'est faut-il leur faire sauter des classes? Évidemment il n'y a pas de réponse tout faite.
Dans ma famille, sur mes 2 frères diagnostiqués, un l'a été au même âge que GrandMarmot et a sauté la grande section. Il a eu une scolarité qui n'a pas été brillante, mais moyenne. Et n'a pas semblé souffrir particulièrement d'un décalage avec les autres élèves. L'autre a été testé beaucoup plus tard, vers 12 ans, n'a pas sauté de classe, et a vécu une scolarité beaucoup plus chaotique, sans redoublement mais avec des passages dépressifs et effectivement un isolement social notable vis-à-vis des enfants de son âge. Celui-ci, aujourd'hui âgé de 20 ans, a repris pied et a trouvé sa voie. Mais lorsqu'il a appris que mon fils était comme lui, sa réaction immédiate a été: "Il faut qu'elle fasse quelque chose!"

Sur mes contacts Twitter, certains ont sauté une classe et en sont contents, d'autre pas. Certains n'ont pas sauté de classe et n'en sont pas contents, d'autres si... Bref, tous les goûts sont dans la nature.

Et c'est peut-être ça qui m'effraie le plus finalement. Saurons-nous, en tant que parents, prendre les bonnes décisions pour notre enfant?
Parce qu'en fait ce n'est ni plus ni moins qu'un pari pour l'avenir. Pile on gagne, face on perd. Si nous, nous prenons la mauvaise décision, c'est lui qui en pâtira.
Voilà, j'ai la pression.

Une chose me rassure quand même. Nous avons la chance que GrandMarmot soit un enfant très sociable, qui n'a aucune difficulté à aller vers les autres, même les plus âgés, et à se faire très rapidement des copains. C'est un don qui ne va pas du tout de soi chez les enfants précoces. C'est déjà ça, et c'est peut-être finalement ça le plus important. Le reste, on fera avec, on essaiera d'apprendre à être meilleurs, de faire les bons choix jour après jour.

Comme me dit ma mère: "tu as un diamant brut entre les mains. C'est à toi de lui donner les moyens de briller".
Quel challenge...



Pour ceux que la question intéresse, voici quelques liens:
Le site de la psy qui a testé mon fils. Je le trouve très complet et bien expliqué:
http://surdoues.monsite-orange.fr/
Quelques documents de l'éducation nationale:
Les élèves intellectuellement précoces
Adaptation Scolaire et Scolarisation des Enfants Handicapés en Haute-Savoie (notez que les enfants précoces sont rangés dans les "handicapés"...)
Association Nationale pour les Enfants Intellectuellement Précoces
Un blog d'une famille "surdouée":
http://les-tribulations-dun-petit-zebre.com/

© Dr Kalee

mercredi 6 mars 2013

Il arrive parfois qu'à la fin de la vie, on meure.

Je ne sais pas vous, mais des fois j'ai l'impression que les gens d'aujourd'hui ont oublié qu'à la fin de la vie on meurt.
C'est vrai, autrefois, les gens mouraient le plus souvent chez eux. Après le décès, ils restaient dans leur lit au moins 24h, et toute la famille, voire tout le village, défilait à leur chevet pour la veillée funèbre. Même les enfants voyaient le défunt. On portait le deuil pendant plusieurs mois, voire années. Aujourd'hui la mort ne se montre plus. On meurt à l'hôpital, et les gens qui meurent chez eux sont bien vite emmenés par les pompes funèbres. Les personnes endeuillées, après qu'on leur a tapoté sur l'épaule pendant 5 min, sont priées de retrouver bien vite leur bonne humeur et leur productivité sociale.

J'ai l'impression que cet éloignement de la mort dans notre société conduit les gens à oublier qu'elle est inéluctable pour tout un chacun. De cet oubli, naissent des attitudes qui me semblent déraisonnables, autant de la part des familles (les personnes âgées elles le plus souvent attendent la mort comme un soulagement), que des personnels soignants.
Des familles qui demandent des solutions qui n'existent pas pour guérir leur parent très âgé et multi-malade, des médecins qui s'entêtent à proposer des chimios, des chirurgies, alors qu'ils savent pertinemment (ou inconsciemment sans vouloir se l'admettre), que cela n'apportera rien au patient. Qui se lancent dans une réanimation cardio-pulmonaire sur des personnes de plus de 90 ans en arrêt cardiaque. Comme dit mon cher mari, urgentiste de son état, "Un arrêt cardiaque de plus de 90 ans, ça s'appelle un décès".

Encore hier, un médecin de ma tweet list nous racontait avoir vu en EHPAD (maison de retraite), un monsieur très âgé qui souffrait à la fois d'un infarctus du myocarde et d'un choc septique (deux pathologies déjà très graves prises isolément). Après avoir informé le médecin de l'EHPAD de sa décision, prise en accord avec le fils du patient, de ne pas mettre en route de traitement curatif, elle s'est entendu répondre par celui-ci: "J'espère qu'il s'en sortira". Mais non, bien sûr que non qu'il ne s'en sortira pas. Personne ne se sort d'un choc septique + infarctus sans traitement curatif. Il se trouve que l'heure de ce patient est venue et que le plus sage est de l'accompagner jusqu'au bout pour qu'il ne souffre pas et parte paisiblement.

Quand j'entends des histoires comme celles-ci, il me revient toujours en mémoire une "anecdote", si je peux l'appeler ainsi, qui s'est passée quand j'étais interne dans un service de médecine polyvalente.
Nous avions une patiente, âgée de plus de 80 ans, atteinte d'une insuffisance cardiaque très évoluée, et qui faisait régulièrement des décompensations, de plus en plus graves, et nous avions petit à petit atteint nos limites thérapeutiques. Il n'était pas question, étant donné son état général, de l'envoyer en réanimation, ni de lui faire subir une greffe cardiaque.
Sa fille cependant, ne voyait pas les choses de cet oeil, et nous demandait toujours ce que nous comptions faire de plus pour guérir sa mère. Je comprends tout à fait la détresse de cette femme qui voyait sa mère décliner un peu plus à chaque fois, mais ses demandes de traitement curatif ne pouvaient être satisfaites. Les médecins du service, les uns après les autres, tentèrent de lui expliquer l'impasse thérapeutique, de lui faire prendre conscience de la gravité de l'état de sa mère. Ils essayèrent en vain de lui faire accepter l'inéluctable, le décès prochain de cette vieille dame épuisée par son insuffisance cardiaque.
Un jour, voyant que toutes les tentatives diplomatiques avaient échoué, et fatiguée d'être harcelée de questions plus ou moins aggressives, l'assistante du service avec qui je faisais le tour ce jour-là se planta devant elle, la regarda droit dans les yeux, et lui dit: "Vous savez, il arrive parfois qu'à la fin de la vie on meure, Madame."

Vérité toute simple, mais qui semble de plus en plus oubliée ces temps-ci. 

© Dr Kalee

lundi 4 mars 2013

Vous croyez qu'il faut que j'aille en maison de retraite?

Ce matin-là, planning pas trop chargé, il me reste le temps en fin de matinée d'aller faire la seule visite prévue pour ce jour-là. Mme Lejour, visite notée avec pour motif "suivi".
Je pense renouvellement d'ordonnance, donc je regarde vite fait son dossier informatique. Elle ne semble pas avoir des antécédents trop lourds, prend peu de traitements chroniques pour une personne âgée. J'imprime son ordonnance et je pars.
Elle habite à la sortie du village, je trouve la maison sans trop de difficultés.

Elle m'accueille souriante, l'air un peu perplexe. Je lui précise alors que je suis la remplaçante de son médecin habituel, là voilà rassurée, elle se demandait qui était cette jeune femme qui entrait chez elle si naturellement.

Quand je lui demande ce qui a motivé sa demande de visite, elle me répond que ça ne va pas du tout, qu'"elle n'a plus sa tête". J'essaye de creuser un peu sur ce qu'elle veut dire par là. Il s'avère qu'elle se plaint principalement de troubles de mémoire, qui n'ont rien de neuf apparemment. Je découvre la situation au fil de ses explications car tout cela ne figurait pas dans son dossier.
On discute de ses symptômes: partir pour faire quelque chose puis oublier quoi, oublier des rendez-vous...
Tout ça semble évoluer depuis un moment. Je lui parle de venir au cabinet faire un test de mémoire. Elle se souvient en avoir déjà passé. Je pense à un Alzheimer débutant. Je me dis que si on l'envoie voir un spécialiste elle reviendra à coup sûr sous anti-cholinestérasique, ce qui ne me plaît pas plus que ça.
Elle me dit "Ah oui, des tests j'en ai déjà passé, attendez je vais vous les retrouver." Se met à fouiller dans ses papiers, puis se fige et me demande "Je cherchais quoi déjà?". Je ne peux réprimer un sourire. CQFD, elle a des troubles de mémoire.
Les tests sont introuvables, alors je lui demande si elle a besoin que je renouvelle son ordonnance, ce qu'elle me confirme. Elle réussit à me trouver son ordonnance, qui est en fait un peu plus longue que celle que j'ai trouvée au cabinet... et contient du donépézil... Moi qui voulait lui éviter l'anticholinestérasique, j'en suis pour mes frais! Il semblerait qu'elle le prend depuis déjà plusieurs années...
Vérification faite, l'ordonnance est récente, elle n'a pas besoin d'être renouvelée avant un bon mois et demi. Je lui fait remarquer. "Ah, vous voyez, je m'embrouille dans les dates!"
Je lui demande si elle supporte bien ses médicaments. Elle me dit, "Vous savez, docteur, j'ai l'impression que ce traitement, là, pour la mémoire, il marche pas..." "Ah oui, vous trouvez?" répond-je d'un air faussement détaché. "Vous avez raison, de toutes façons, je ne l'aime pas trop ce médicament..." "Je pourrais peut-être l'arrêter?" Je jubile intérieurement, mais ne le montre pas trop... "Personnellement ça ne me gênerait pas, mais je ne voudrais pas que votre médecin dise qu'on fait les choses derrière son dos..." "Ben je lui dirais pas!... Je lui dirais que j'ai oublié de le prendre!" Elle réfléchit quelques secondes puis se reprend "Ah ben non, si je lui dit que je l'ai oublié, elle va me dire justement qu'il faut que je le prenne!" Nous rions ensemble. Effectivement, si on oublie son traitement pour la mémoire, c'est qu'on en a vraiment besoin...
Nous nous mettons d'accord pour qu'elle en reparle à son médecin au prochain renouvellement, pour voir si elle pourrait l'arrêter.
En attendant, elle me demande ce qu'elle peut faire d'autre pour lutter contre cette mémoire qui s'enfuit. Je lui conseille de s'entretenir autant physiquement que cérébralement, elle me raconte les randonnées sur le plateau avec son ami, les parties de Scrabble avec la voisine "le jeudi et le dimanche", les mots croisés, les Chiffres et les Lettres, le club des anciens. Je l'encourage à poursuivre toutes ces activités.
Pour l'instant elle est encore complètement autonome, s'occupe des courses, du ménage, des repas, entretient son jardin.
Elle s'inquiète pour l'avenir. "Vous croyez qu'il faut que j'aille en maison de retraite? Moi je suis d'accord s'il le faut".
Je lui répond qu'à mon avis l'heure n'est pas encore venue, mais qu'on y pensera peut-être dans quelques temps si les choses se dégradent. Intérieurement je me dis qu'une personne dans son état s'ennuierait ferme en maison de retraite. Cela ne ferait qu'accélérer son déclin à mon avis.
"Vous seriez la plus jeune, si vous arriviez maintenant en maison de retraite. Et d'ailleurs quel âge avez-vous?"
"A votre avis, dites, vous me donnez quel âge?" Aie, je suis coincée, je voulais voir si elle n'était pas trop perdue dans la chronologie... Je botte en touche.
"Oh, vous n'êtes pas si vieille, pas encore 80 ans je crois?"
"Je viens de les avoir!" Elle a juste.
"C'est bien ce que je dis, dans une maison de retraite vous seriez une jeunette..."
Elle me parle du temps où elle travaillait elle-même dans une maison de retraite, mais qu'aujourd'hui les choses ont bien changé, le personnel n'a plus autant de temps pour s'occuper des pensionnaires.

Elle me parle de ses enfants qui sont loin, elle ne veut pas les embêter, "ils sont tellement gentils". "Vous aussi vous avez l'air bien gentille" lui dis-je.
"Une maman, une grand-mère, c'est fait pour être gentil" me répond-elle. C'est tellement simple.
"Elles ne le sont pas toutes, malheureusement..."
"Ils sont moins malheureux, ceux qui ne sont pas gentils." Ça, je ne sais pas. Ça se discute à mon avis...

Pour terminer, après une petite demi-heure de discussion, nous tombons d'accord sur le fait que le moment n'est pas encore venu pour elle d'entrer en maison de retraite, qu'elle est bien chez elle, qu'il faut qu'elle continue toutes ses activités physiques, sociales et intellectuelles le plus longtemps possible. Il sera temps de voir quand les choses iront moins bien.
Je la quitte sur cette conclusion. Je ne l'ai pas examinée, je n'ai pas renouvelé son ordonnance. Je n'ai réalisé aucun acte médical.
Je l'ai écoutée, je l'ai rassurée, j'ai validé son désir de rester vivre à son domicile malgré ses troubles. Je lui ai laissé entendre qu'elle ne se porterait sans doute pas plus mal si elle arrêtait son traitement.
Une visite agréable, auprès d'une vieille dame très attachante. Médicalement totalement inutile, humainement très enrichissante.

 
© Dr Kalee

samedi 2 mars 2013

Brèves de Pédiatrie

Je vous avoue, sur mes 6 stages d’interne, le stage de pédiatrie a été mon préféré. Parce que déjà, depuis toujours, j’aime bien les bébés et les enfants. J’ai eu un petit frère quand j’avais 12 ans, ça a peut-être joué. J’ai fait ce stage alors que GrandMarmot avait 15 mois, donc je me sentais assez proche des inquiétudes des jeunes parents.
Et puis, surtout, l’équipe du service était vraiment super. Médecins très sympas, bon encadrement.

Il y a dans chaque stage des patients qui nous marquent plus que d’autres, mais quand je repense à mon stage de pédiatrie, plusieurs petits visages me reviennent, avec chacun leur histoire, plus ou moins heureuse. J’avais envie de vous les faire rencontrer.

Il y avait Mélanie, 3 ans, qui revenait chez nous régulièrement pour le suivi de sa greffe hépatique. Elle avait été « rattrapée par les cheveux », selon l’expression consacrée, alors qu’elle était tout bébé et qu’elle avait fait une hépatite auto-immune fulminante. Cette gamine avait une joie de vivre incroyable malgré la lourdeur de son histoire médicale, à chaque fois qu’elle venait un peu de soleil entrait dans le service.

Il y avait Anaëlle, 8 mois. Un jour, Anaëlle avait convulsé. On lui avait fait une IRM. On avait trouvé un gros hématome sous-dural. On lui avait fait un fond d’œil qui avait trouvé de multiples hémorragies rétiniennes. Tous les médecins savent ce que ça veut dire. Anaëlle avait été secouée. Beaucoup trop fort. On avait dû la transférer en urgence au CHU pour lui drainer son hématome, puis lui poser une dérivation ventriculo-péritonéale pour drainer son hydrocéphalie séquellaire. Quand elle avait été un peu mieux elle avait été placée en pouponnière. Elle revenait chez nous à chaque fois qu’un épisode infectieux intervenait, et c’était souvent. En attendant la justice s’occupait de chercher qui l’avait secouée. Papa et Maman accusaient la nounou. Je ne sais pas si la justice a trouvé, mais Anaëlle ne sera probablement jamais la jeune fille qu’elle aurait dû être.

Il y avait Louis, nouveau-né, et sa nouvelle maman de 40 ans, tellement flippée sur l’allaitement, la prise de poids, les quantités… A force de rendez-vous rapprochés et de pesées de surveillance, je crois qu’on avait fini par la rassurer un peu. Je les ai recroisés tous les deux plusieurs mois plus tard au hasard d’un remplacement. Louis avait l’air d’aller bien. Sa maman semblait plus détendue.

Il y avait Mathieu, 6 ans, hospitalisé d’urgence le jour où son petit frère de 4 ans est mort d’une détresse respiratoire malgré les efforts du SAMU. Mathieu a tenu à aller à la chambre funéraire dire au revoir à son petit frère. On a découvert après que le petit frère avait un thymome très évolué, qu’il allait mal depuis longtemps, mais que la maman ne l’avait pas montré à un médecin. On a découvert que Mathieu et son petit frère vivaient dans des conditions déplorables. Mathieu a été placé. C’est dommage qu’on ne s’en soit pas rendu compte plus tôt.

Il y avait Julie, 10 ans, qui vivait écartelée entre deux parents divorcés qui se livraient une guerre sans merci pour obtenir sa garde. Julie n’en pouvait plus. Elle ne voulait plus les voir, ni l’un, ni l’autre. On essayait de trouver une solution. En attendant elle vivait dans le service de pédiatrie. Comme si c’était elle qui était malade.
Il y avait Adeline, 14 ans, qui avait un jour décidé de sauter par la fenêtre de sa chambre. Au 2e étage. Et qui s’était bien abîmé la figure et une vertèbre. Ça aurait pu être pire. Ça nous avait permis de découvrir que son père était un pervers manipulateur qui terrorisait toute la famille depuis des années, y compris sa mère, qui tremblait pour ses enfants, mais qui n’osait pas partir. De peur que le remède soit pire que le mal. Finalement, voir sa fille se jeter par la fenêtre, ça l’avait motivée. Elle a demandé le divorce, elle est partie avec ses enfants. On peut raisonnablement estimer environ 4 siècles de psychothérapie pour toute la famille.

Il y avait Théo, 22 mois, que j’ai vu un soir aux urgences juste avant de partir et que j’ai fait hospitaliser pour une pneumopathie bilatérale. En revenant le lendemain matin, j’ai vu le matériel de SAMU posé devant la porte de sa chambre. Mauvais augure. Théo était en train d’être intubé avant d’être transféré en réa au CHU. C’était l’infirmière du matin qui avait vite appelé le pédiatre d’astreinte en arrivant, le voyant saturer à 70% sous 10L. L’infirmière de nuit avait quant à elle consciencieusement écrit sur sa feuille de constantes, toute la nuit : SaO2 92%, SaO2 89%, saO2 85%, SaO2 78%, etc… Visiblement ça ne lui avait pas posé plus de problème que ça. Théo s’en est finalement sorti sans trop de dommages. Mais l’ambiance dans le service a été assez électrique pendant un petit moment.

Il y avait ces petits jumeaux, pas encore nés. Leur maman s’était présentée à notre maternité niveau 1 à 35SA. Les gynécos voulaient la faire accoucher là. La pédiatre d’astreinte a refusé. La maternité niveau 1 n’est autorisée à accueillir les accouchements qu’à partir de 36SA. Elle a donc bataillé pour que la maman soit transférée avant la naissance dans la maternité de niveau 2 la plus proche, en se fâchant avec les gynécos. Ce qui a été fait finalement. Là-bas, le travail s’est mal passé, il a fallu faire une césarienne en urgence car les bébés souffraient. Le bloc obstétrical était loin de la salle de travail. Il fallait prendre l’ascenseur. Un des jumeaux n’a pas survécu. Quand elle a appris ça le lendemain, la pédiatre a pleuré. Chez nous, le bloc obstétrical était juste à côté de la salle d’accouchement. Et en plus tous ses collègues étaient fâchés contre elle.

Il y avait Alice, 3 mois, qui depuis sa naissance ne dormait jamais. Sa maman n'en pouvait plus. Elles étaient hospitalisées toutes les deux en hospitalisation mère-enfant, pour qu'on essaye de comprendre pourquoi ça n'allait pas. Et puis un jour, la maman nous a raconté, la grossesse précédente, les jumeaux nés très prématurément, qui n'avaient pas survécu (encore, il ne fait pas bon être jumeau parfois .) Elle pensait encore à eux tous les jours. Alors bien sûr, pour Alice, ce n'était pas simple. Sentir l'esprit de maman occupé par des souvenirs si tristes. Alors elle pleurait, pour lui rappeler qu'elle était là, elle, bien vivante.

Il y avait Dylan, 2 mois, arrivé chez nous avec sa maman, en hospitalisation mère-enfant encore, à la sortie de la maternité. Sa maman avait un retard mental, et de gros problèmes psychiques. On avait décidé de leur donner leur chance, sous l’œil du personnel du service. Cahin-caha, sa maman essayait de s'en occuper à peu près bien. Et puis un jour la maman a pété un plomb, elle a agressé une infirmière du service. Elle a été envoyée en psychiatrie en HDT. Dylan s'est retrouvé tout seul à l'hôpital. Un jour, Dylan pleurait, c'était l'heure du biberon. Les auxiliaires étaient occupées. Alors je lui ai donné son biberon. Je n'avais rien (d'important) à faire. Et il avait faim.

Bien sûr toutes les histoires n'étaient pas si particulières. Il y a eu des wagons de gastros, des bus de bronchiolites, qui sont toutes rentrées chez elles sans encombres.
Il y a eu la grippe A, aussi, oui j'ai fait mon semestre de pédiatrie au moment de l'épidémie H1N1. Purée qu'est-ce que ça a pu nous occuper ça. Quand je repense aux heures que j'ai passées à essayer de convaincre les parents de la maternité de se faire vacciner, et ceux de la pédiatrie de faire vacciner leurs enfants, je suis songeuse. C'était la politique du service. Je me suis vaccinée, j'ai vacciné mon fils. J'ai conseillé à ma mère de faire vacciner mon petit frère. Avec le recul, ça n'a probablement servi à rien.
Bon, ben tant pis. On apprend de ses erreurs.

Mais au milieu de tous ces enfants qui allaient bien et qui sont vite rentrés chez eux avec leurs parents aimants, il y avait ceux-là, qui ont inscrit chacun leur petite marque dans ma mémoire.

© Dr Kalee

vendredi 1 mars 2013

Leader malgré moi.

Comme Dr Kalee a commencé à le dire, moi je m'occupe du projet de Maison de Santé Pluriprofessionnelle (MSP), mais en fait j'apprends surtout.

Pour vous situer un peu le contexte:
Je suis médecin généraliste remplaçante non thésée (pour ceux qui savent pas, en gros je peux pas m'installer tant que je suis pas thésée), mais j'y travaille (j'espère finir fin 2013).

Je suis arrivée dans le coin il y a un peu plus d'un an, je connaissais personne (juste un couple de copains), et j'ai entendu parler d'un projet de MSP dans ma ville. Perso, l'exercice en MSP pour moi c'est l'avenir, mais on en reparlera plus tard.

Je me suis pointée à une réunion un soir sur le projet. Et en fait c'était un société de conseil (SC) qui guidait le projet. Les réunions avaient débuté déjà depuis plus d'un an, suite à la demande d'un médecin généraliste de la ville auprès de la mairie. La gentille mairie a donc engagé une société de conseil pour étudier la faisabilité du projet de MSP.

Lors de cette réunion il y avait le monsieur de la SC qui nous expliquait comment on faisait un projet de MSP: Projet de soin, Projet Professionnel, Projet immobilier, et comment ils allaient nous aider faire tout ça, avec un joli planning de réunions qui se terminait 3 mois plus tard avec à la fin une présentation du projet de MSP à l'ARS.

Jusqu'ici ça parait facile.

En pratique, les 4 MG de la ville avaient décidé qu'ils ne souhaitaient pas faire partie de ce projet (dont le MG qui avait fait la demande à la mairie), et au final des MG qui voulaient en être, il y avait moi, 1 autre remplaçante (mais pas sûr), et 2 internes de MG (pas sur place mais qui devaient arriver dans 1 an).
Les autres professionnels se composaient de kinés, sage-femme, pédicure-podologue, IDE, le laboratoire d'analyse, des dentistes, et des ostéopathes.

On a donc fait les petites réunions bien organisées, et puis 15 jours avant la présentation à l'ARS, le chef de la SC nous a dit qu'il fallait qu'on se bouge un peu les fesses et qu'on s'approprie le projet.

Panique à bord!! Parce qu'en fait, c'est quoi déjà un projet de MSP? On nous avait dit que c'était un truc clé en main, nous aurait-on menti?

On s'est donc bougé les fesses avec ma collègue (je précise que ce n'était pas Dr Kalee pour ceux qui suivent, elle arrive après), on a repris les diapos de la SC, on a modifié plein de trucs, et on s'est partagé la présentation.

Le Jour J, on a fait une jolie présentation PPT, du genre, comment on va travailler tous ensemble, et sera génial (walt disney MSP).
L'ARS a trouvé ça super, la mairie aussi.
Moi j'étais super contente, je me disais trop bien, allez dans 3 ans tu es dans ta MSP (je suis une grande optimiste aussi en vrai, et pleine de naïveté surtout).

Et donc après la SC nous a dit, qu'elle avait fini et que qu'ils nous restaient plus grand chose à faire.

Fin du feuilleton "la vie c'est facile" (bisounoursland).

On a donc organisé des réunions entre les professionnels de la future MSP, pour continuer. (enfin j'ai fait un google groupe, puis des doodles, pas très compliqué en fait)

Et en fait on s'est vite rendu compte qu'il y avait tout à faire, le projet était pas du tout fait.

Alors je me suis un peu plus activée.

J'ai rencontré pleins de gens très bien de la FFPMS (Féderation française des Poles de Maisons de Santé), j'ai lu le bouquin de Pierre De Haas (un des Sages d'ailleurs si vous avez suivi, et un monsieur que j'admire beaucoup) "Monter et faire vivre sa maison de santé" (très utile), j'ai fait des formations.

Vous allez dire et les autres?

Ben au niveau médecin, ma collègue elle avait du mal à se décider (je signe, je signe pas, pour des raisons perso très légitime) donc elle s'impliquait peu, les 2 internes ils suivaient de loin, mais participaient pas trop, et puis on les a rencontré (ils étaient venus en vacances dans le coin), ils avaient l'air bien, même vision de l'exercice, tout ça.
Finalement ils ont décidé qu'ils viendraient pas (région cool mais immobilier trop cher pour résumer).

ET LA j'ai un peu craqué, et je me suis rendue compte que j'étais toute SEULE comme médecin, les autres non médecins ils sont super mais on peut pas faire de MSP à 1 médecin (et puis ils comptent tous sur moi).
Grosse remise en question.
Est ce que je suis légitime? (je suis même pas installée) Est ce que je dois continuer toute seule en attendant d'autres MG?

Finalement on a décidé avec les autres qu'il fallait qu'on cherche d'autres MG avant d'avancer sur le projet.
J'ai donc passé des annonces.

Et il y a 6 mois , un petit poisson nommé Dr Kalee a mordu à l'hameçon.

Mais il y a un MAIS car on est plus dans "la vie c'est facile".

Le Dr Kalee, elle est super et on a la même vision de l'exercice, mais elle a un Mr Kalee (toujours ces mecs) qui attend un CDI pour faire simple mais qui sait pas si il va l'avoir, donc la famille Kalee est pas sûre de rester dans le coin.

Pour finir donc là en gros on attend de savoir si Monsieur Kalee a son CDI, puis on se remet au travail pour monter le projet.

Ah oui j'oubliais l'autre MG elle a finalement décidé qu'elle viendrait pas.

Ca nous empêche pas de tous (les professionnels de santé impliqué dans le projet) continuer à nous voir, se faire des restos.
On a même créé une association pour la coordination des soins qui doit promouvoir le projet de MSP.

Voilà le début de notre aventure dans la création d'une MSP.

Nous accueillons avec plaisir des médecins généralistes et autres professionnels de santé désireux d'exercer en MSP, à bon entendeur...

On a d'ailleurs une future recrue dénichée sur twitter par Dr Kalee. Allez je dénonce elle s'appelle DocLeeloo, comme ça elle saura qu'on l'attend vraiment :)

Une équipe de choc est en train de se former, allez moi j'y crois!!

Dr Paragliding